s’être levé tôt avec l’intention d’écrire, avoir devant soi la matinée, s’installer au bureau, ouvrir les fichiers de chantiers en cours, relire, corriger quelques détails, ressentir une insatisfaction sans démêler si elle tient à  ce qu’on a lu, à  la perception qu’on en a eue, au jugement porté, ou à  la fatigue générée par la reprise du travail au lycée, le creusement laissé par l’énergie déployée, sans compter la rage devant ce temps gâché, cette matinée qu’on devine inaccomplie, incomplète, qu’on tente de sauver en publiant sur ce site un extrait d’un des fichiers relus précédemment, savoir que ça ne suffira pas, descendre à  la cuisine boire un café, en tête le vague projet de s’installer dans un fauteuil avec un des bouquins en cours, finir par se décider à  aller marcher, comprendre que c’était ça dont on avait besoin, que c’était par là  qu’il fallait commencer, nettoyer la carcasse, évacuer l’énergie noire et stérile, rentrer, boire un autre café, être encore indécis en montant l’escalier, se demander si ce sera possible, si on y arrivera — il faudrait chasser cette idée que sinon ce sera pour toute l’année scolaire à  venir cette incapacité à  mettre à  profit ces rares occasions de travailler dans la continuité de quelques heures, chasser cette peur dont on sait qu’elle ne mène à  rien, ne peut qu’enfermer, bloquer —, allumer de nouveau l’ordi, se connecter au site, tenter de saisir ce qui vient de se jouer, et c’est comme ouvrir une porte, se réconcilier avec les possibles
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