s’être levé tôt avec l’intention d’écrire, avoir devant soi la matinée, s’installer au bureau, ouvrir les fichiers de chantiers en cours, relire, corriger quelques détails, ressentir une insatisfaction sans démêler si elle tient à ce qu’on a lu, à la perception qu’on en a eue, au jugement porté, ou à la fatigue générée par la reprise du travail au lycée, le creusement laissé par l’énergie déployée, sans compter la rage devant ce temps gâché, cette matinée qu’on devine inaccomplie, incomplète, qu’on tente de (...)
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notes de chevet
Articles
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s’être levé tôt avec l’intention d’écrire
16 septembre 2016, par M.B. -
traces de l’âge
18 septembre 2014, par M.B.se rendre à un repas de famille, y constater que les traces de l’âge ne sont pas que taie sur l’œil — ça, on sait réparer —, mais aussi fixité, façon de ne rien voir, menton qui tombe le regard aux genoux, et le silence qui va avec, visage inexpressif, vague tristesse à première vue, mais lisse conviendrait mieux, et distance, désormais impossible d’atteindre — c’est ainsi qu’on a la paix dans les maisons spécialisées où s’entassent les vieux, à coups de benzodiazépine —, le savoir, l’avoir lu, le constater (...)
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feuilleter
8 septembre 2014, par M.B.feuilleter un ouvrage, dans un moment d’ennui, de fatigue, ou d’incertitude, d’hésitation, lire un passage, le reconnaître, en chercher un autre qui revient en mémoire à l’état de traces, incertain, comme une impression, le retrouver, ou pas, ne pas s’obstiner à le chercher, accepter le hasard, ne croire ici à aucune forme de divination, mais au simple rebond, au coup de dés contenu dans l’aventure que c’est de lire — même s’il y a peu de hasard dans le choix des livres qu’on installe dans son bureau —, (...)
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croiser une connaissance perdue de vue
20 septembre 2016, par M.B.croiser au supermarché une connaissance perdue de vue depuis des années, croisée dans ce même lieu de temps à autre, croire qu’on s’en tirera d’un bonjour lointain, protégé par la file d’attente à la caisse, que suffiront le prénom retrouvé et un signe de la main, comprendre qu’on vous attend, chariot enfin vidé sur le tapis s’avancer, s’embrasser et faire le décompte des années depuis la dernière fois, interrompus par la caissière qui s’enquiert de la possession ou non d’une carte de fidélité, reprendre le (...)
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se rendre dans le magasin d’une coopérative agricole
31 octobre 2016, par M.B.se rendre dans le magasin d’une coopérative agricole en quête de bois d’allumage pour la cheminée, chercher au petit bonheur, passer par le rayon des aliments pour volailles, sacs de cinquante kilos posés sur palettes, retrouver l’odeur des granulés à lapins, la même que gosse, quand soulever le couvercle métal d’une lessiveuse et plonger une vieille boîte de conserve dans le sac de granulés, se rendre aux clapiers tout au fond du jardin, près du piquet planté d’un clou où ils finiraient assommés, (...)
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regarder les traces des avions dans le ciel
27 mars 2017, par M.B.regarder les traces des avions dans le ciel, lignes parallèles ou qui divergent, être renvoyé à son immobilité derrière la vitre du bureau, rêver de voyages, penser à des écritures ou des dessins, savoir la désagrégation progressive de ces lignes nettes qui bientôt s’étalent informes puis disparaissent, penser le ciel est une ardoise magique, comme celles qu’on offrait aux enfants et qu’on n’offre sans doute plus, de la taille d’une tablette, apercevoir les antennes de télé, promesses de voyages immobiles, (...)
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se réveiller avec le souvenir du mort qui a visité ta nuit
23 septembre 2016, par M.B.se réveiller avec le souvenir du mort qui a visité ta nuit, constater à cette occasion que ce n’est que dans tes rêves que tu parviens à retrouver le visage de ton père, ou dans le souvenir d’une photo que tu avais prise de lui, la seule fois où vous êtes partis ensemble en vacances — il devait avoir à peu près l’âge que tu as maintenant et souriais en prenant la pose, bras écartés et bouteille de rouge à la main, quelque part dans les Pyrénées, à l’heure du pique-nique en bord de route —, tu ne parviens (...)
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surpris par la pluie sur le chemin du travail
21 mai 2014, par M.B.être surpris par la pluie sur le chemin du travail, pédaler sous l’averse et sentir le jean qui se colle aux cuisses — humidité d’abord, le froid viendra après, une fois arrivé — la pluie qui coule sur le front et tombe dans les yeux — les flaques dans les creux du bitume, la projection d’eau sale des voitures et des bus — la démangeaison du cuir chevelu, faute d’avoir pu sécher les cheveux, de les avoir sagement laissés attachés, par pure convenance sociale — et s’en vouloir un (...)
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assis sur le siège passager, rouler la nuit sur l’autoroute
22 janvier 2017, par M.B.assis sur le siège passager, rouler la nuit sur l’autoroute, emporté de temps en temps par le sommeil, flashs d’une minute d’après l’horloge, ouvrir les yeux sur l’espace éclairé par les phares, structuré de lignes blanches, tout paraît soudain si net que ressentir un apaisement, parce que la solitude, le dessin lisible sans effort du monde autour, avoir l’intuition que c’est question de vitesse, qu’on peut regarder sans craindre, que rien ne peut avoir prise, concentrer son regard sur les aires, les (...)
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embellie
5 février 2015, par M.B.se réjouir de l’embellie, l’avoir parfois attendue — pas pour rien que découvert le mot à la lecture de Julien Gracq, à son étude — toujours chez lui accompagné d’italiques, comme lumière rasante de Loire —, découvert non pas le mot, mais avoir alors compris, ou plutôt approché, les enjeux, ou l’impact, l’écho qu’en soi trouvait l’embellie —, sans doute l’embellie a-t-elle à voir avec la Loire, cordon qui mène jusqu’à l’océan, dans l’arrachement nécessaire elle est demeurée lien, et l’ancrage sensible au vent (...)