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notes de chevet

traverser la galerie marchande

traverser la galerie marchande d’un supermarché, constater ton pas trop rapide, ceux que tu croises avancent à petits pas, corps avachi sur le haut du caddie, relisant leur ticket de caisse dans un déhanché gras, guettant l’erreur, ou rêveur d’avoir autant claqué, d’autres parviennent à demeurer sur les bancs disposés là , ou assis à ce qui se voudrait une terrasse de café, seule vivacité les enfants qui s’approchent d’une voiture ou d’un canasson bardés de lumières, son synthétique rabâché en boucle, manège réduit à sa plus simple expression, gamins énervés juchés sur la coque plastique, demeurée immobile à défaut d’une pièce glissée dans la fente — ce qu’ils apprennent ainsi du monde, ces gosses, comment déjà ils viennent en tâter les bords, et hors et dans, gonflé d’un appétit renié —, autour on prend son temps, comme un dernier luxe traînent leur ennui, leur misère, jouent la nonchalance, s’arrêtent aux vitrines du bijoutier, commentent les affiches de l’agence de voyages, pénètrent dans le magasin de parfums, virevoltent, reniflent au creux de leur poignet puis repartent, tâtent quelques bouts de tissu, jettent un coup d՚œil aux photos des mannequins du salon de coiffure — jeunes femmes qui s’affairent en uniforme, corps exhibés tout autant que le travail —, continuer, traverser ce sas d’avant l’abondance en rayonnages mais vite — s’y sentir irrémédiable idiot

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