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entre deux | premier jet

si peu de lettres

si peu de lettres... inutiles quand on peut se voir... dans l՚éloignement que se niche l՚écriture... une vie de peu de rayon... si ce nÕšest le service de ton père en Allemagne... jamais su ce qu՚étaient devenues ses lettres... auraient pu tÕšaider à comprendre... combler un peu du silence... bien capable de les avoir détruites après la mort de ses parents... jamais entendu parler de Pascal... mais guère le moi en estime !... formaté par les curés... fruit lointain de la contre-réforme... de la chouannerie... de 1905... nÕšen savait rien et pourtant... dépositaire dÕšun passé dont il ignorait presque tout... englué dans... imprégné profond... toi-màªme cette difficulté de dire je… tout au début avec Karine… empàªtré de périphrases… circonlocutions… de la difficulté de se dire… ou d՚àªtre… construire quoi sur du silence… trop peu de mots à mailler les uns aux autres… un jour tu saurais peut-àªtre… tÕšadapter au silence… lÕšaccepter… ou tÕšinventer des phrases hors de toute attache… prendre la route et aller ailleurs… ne plus revenir… ne plus sans cesse avoir à quitter… tÕšarracher... de ces mots de lÕšadolescence... allez on sÕšarrache !... finir son verre remonter sur le 103 Peugeot... trop naze ici !... aujourdÕšhui cÕšest du passé quÕšil faudrait tÕšarracher... et pouvoir aller libre… capable dÕšautres émotions... pas plus sa place que le je ou les souvenirs... niaiseries aurait dit ton père... héritage des curetons... lignées paysannes... ne sÕšencombrer ni d՚émotions ni de paroles... après la mort de sa mère... à ce moment-là sans doute que ses lettres dÕšAllemagne... à la jaille !... nÕšavait rien gardé de ce qui sÕšentassait dans le grenier des grands-parents... vieilleries sans valeur... pas màªme lÕšidée de refourguer le tout à un broc... direct à la décharge... deux ou trois tours avec la 403 du tonton avait suffi... place nette !... en tout et pour tout nÕšavait gardé que le buffet quÕšils avaient dans leur salle à manger... relégué au sous-sol tout près de la cuve à mazout... leur vaisselle de tous les jours dedans... rangée comme du temps de leur vivant... et les sacs en papier que conservait ta grand-mère... papier kraft fruits et légumes en couleur sur une face... pliés impeccables... le jeu de cartes du grand-père... et les jetons rouges et jaunes pour compter les points à la belote... à§a ton premier vrai contact avec la mort... six sept ans au décès de tes grands-parents... s՚étaient suivis à un an dÕšintervalle... on ne tÕšavait pas emmené voir leurs corps... ta mère que c՚était pas la peine... assez nerveux comme à§a... rien que les récits de tes frères... comment il avait fallu sÕšapprocher... poser un baiser sur leur front... et ta mère qui racontait sa première fois où traînée de force embrasser sa grand-mère...

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