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fictions

c’est descendre du train qu’il aurait fallu

cÕšest descendre du train quÕšil aurait fallu, tu le savais, de ces évidences qui vous traversent, on ne les saisit pas toujours comme on devrait, on sent que à§a vibre au-dedans, sent tout ce qui sÕšy réveille, résonne et fait écho, bien trop confus pour quÕšon sÕšy retrouve, c’est suivre la pente qu’il faudrait, yeux clos tracer sa route, parce que tu serais descendu du train tout à lÕšheure, tu aurais pris ton sac sur l՚étagère, remonté le wagon, rien pour tÕšen empàªcher, rien ni personne, tu serais descendu, certain que personne pour toi sur le quai, personne que tu connaisses, tu serais descendu, sans rien avoir à dire, sans visage à composer, tu sais cette faà§on d՚étirer les lèvres en haussant légèrement les sourcils, composer lÕšesquisse dÕšun sourire à défaut de gommer la fatigue, la fatigue, tout ce qu’il y aurait à en dire, tu aurais commencé à marcher sur le quai sans te poser aucune question, si modérer ton pas, ne pas leur donner lÕšimpression de courir vers eux, effacer toute trace de réticence, tu aurais rejoint le hall sans l’angoisse d’avoir à croiser leurs regards, tendre ta main et joues à joues et lèvres à joues leurs peaux froides ces parfums, sans le ridicule de contrà´ler ton corps quand leurs mains à l՚épaule, leurs mains dans le dos, cette faà§on quÕšils ont de vouloir comme te relancer, comme gamin ces poupées mécaniques, quand plutà´t que remonter la clé, dÕšune pichenette du doigt déclencher les derniers soubresauts du mécanisme, quÕšelles avancent encore un peu, quitte à tomber peu de temps après, derniers mouvements nez au carrelage, ils l’ont donc senti que bientà´t plus, oui, tu serais descendu, nÕšimporte où, aurais marché sans avoir à rouler en tàªte ces deux ou trois phrases que tu préparais à chaque fois, ces phrases quÕšil faudrait tenter de placer pendant que vous rejoindriez le parking, quand leurs paroles en flots, patchwork du rien, ne suffisent pas les formules, donc tu aurais remonté le quai, non, pas d’arràªt au buffet, trop de temps passé là dans lÕšattente, tu traverserais le hall, inutile de prendre un taxi, marcher plutà´t, marcher jusqu’où, tu verrais bien
première version : 11 novembre 2011

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