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notes de chevet

qui sans doute encore en nous demeure

avoir en tĂŞte une de ces chansons aux paroles idiotes et pauvres, ĂŞtre lassĂ© de sa persistance, ne pas savoir quoi, de la langue ou de la mĂ©lodie, agace davantage, en vouloir à ses programmes diffusĂ©s dans les bars, maudire les fenĂŞtres ou vitres de portière ouvertes, blâmer tous ceux capables d’Ă©crire, chanter et jouer pareille daube, mettre en place une stratĂ©gie pour s’en dĂ©barrasser, comme se laver l’esprit de la mĂ©lodie accrocheuse, de la phrase obsĂ©dante — tentacules immatĂ©rielles, pieuvre pourtant s’enroule, s’Ă©loigne et puis revient —, alors Ă©couter autre chose, et que soit remplacĂ© l’infâme, rituel magique dont on voudrait se persuader de l’efficacitĂ© — parce qu’il s’agit aussi de magie en face, on le sait, on en a Ă©coutĂ© plein des interviews de faiseurs, parlant de chansons comme d’autres de potions, clichĂ©s d’ingrĂ©dients savamment dosĂ©s, de savant mĂ©lange, de tour de main —, ĂŞtre certain de la nĂ©cessitĂ© d’agir, parce que c’est à devenir dingue ce truc qui ne vous lâche pas, sŐšagrippe au dedans, un vrai cauchemar, corps Ă©tranger dont on craint qu’il ne se dĂ©veloppe, et les consĂ©quences qui vont avec, qu’entière la chanson se dĂ©veloppe en vous, chaque couplet et refrain, et qu’ainsi en boucle, quelle place il resterait pour penser un peu, pour ĂŞtre soi — c’est bien crainte de folie dont il s’agit, d’un envahissement incontrĂ´lable venu de l’extĂ©rieur, de tout ce qui n’est pas nous, de ces territoires que nous revendiquons ne pas frĂ©quenter — c’est par hasard que nous avons Ă©tĂ© en contact, sans y prendre garde que nous avons Ă©tĂ© souillĂ©s, du moins le croyons-nous, parce que si souvent davantage sourds à nous-mĂŞmes qu’aux bruits du monde, plus accueillant à son chaos qu’au nĂ´tre : quel vide en nous quand a surgi la bribe maudite, dans quelle latence, quelle fuite nous engagions-nous quand cette maudite connerie, ce truc dĂ©bile a su nous happer tout entier — quoi donc nous rendait autant disponible au vide, et qui sans doute encore en nous demeure

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