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fictions

accident

Sans doute un pneu qui avait éclaté. La bagnole était partie en sucette sans prévenir. Il se souvenait d’avoir heurté le rail central de sécurité. Une chance qu’il ait fini sa course sur la bande d’arrêt d’urgence. À contresens mais pas sur la chaussée. Et coup de bol qu’il n’y ait eu personne au moment où c’est arrivé. Pas pour rien qu’on l’appelait l’autoroute du désert. De nuit en plus ! Il s’était peut-être endormi. Un de ces micro sommeils qui vous prennent sans prévenir. Une de ces failles où sombrer un quart de seconde. Le pneu avait pu éclater suite au choc contre les rambardes.pour ce qui en restait comme souvenir. Il était revenu à lui le front appuyé contre le volant. Son premier réflexe avait été de se tâter les membres. Rien de cassé. Il avait ensuite fait le tour de la voiture. Son téléphone n’était plus dans sa poche de veste. Il avait dà» voler dans l’habitacle suite au choc. Il avait fini par le retrouver sous le siège passager. Plus de batterie ! Décidément il était en veine... Il avait croisé une station-service un peu avant l’accident. Un ou deux kilomètres avant peut-être... Il marcherait jusque là . En prenant bien soin de se placer de l’autre côté du rail de sécurité. Il était en milieu hostile ! Quinze à vingt minutes d’espérance de survie pour un piéton... Ce serait trop con de faire mettre en l’air après avoir réchappé à cet accident... Il aperçut rapidement les lumières de la station-service. Une grosse demi heure de marche suffit pour la rejoindre. Aveuglé de temps à autre par les pleins phares d’un poids lourd. Il avait décidé ne pas se précipiter. Il demanderait à ce qu’on appelle une dépanneuse seulement après s’être rafraîchi et restauré un peu. Un sandwich et une bière feraient l’affaire. Et un café. Quelques chauffeurs routiers traînaient près de la machine. Visages pâles aux yeux vidés par la fatigue et la route... Il posa son sandwich et sa bière à la caisse. Sursauta en voyant le prix s’afficher. De la folie ! Mais pas le moment de jouer les défenseurs du consommateur. Et puis, ils devaient avoir si peu de clients. Ce surnom d’autoroute du désert, c’était sà»rement pas pour rien ! Il allait demander au caissier s’il pouvait lui rendre un service, appeler une dépanneuse. Mais celui-ci affichait un air méfiant. C’est vrai qu’un piéton qui débarque en pleine nuit sur une aire d’autoroute... Il n’eut pas le temps de donner d’explications. Le caissier avait retiré sa carte de crédit de la machine et l’inspectait, surpris. La date d’expiration de sa carte était dépassée. Il pouvait regarder. Et dépassé de deux ans !... Il disposait peut-être d’un autre moyen de paiement ?... Quoi faire d’autre sinon s’excuser ? Expliquer qu’il venait d’avoir un accident un peu plus loin... Que sa carte était peut-être restée dans la voiture. Souvent il la plaçait derrière le pare-soleil pour la retrouver vite au péage, éviter ses contorsions qui lui faisaient mal au dos. Il se contenterait d’un café. Tout à§a n’était pas très grave. Même s’il ne comprenait pas comment il avait pu garder cette carte inutile. Il pouvait certes se montrer bordélique, négligent envers tout ce qui était administratif, mais là ... Il se dirigea vers la machine à café. Un dépanneur allait venir le chercher d’ici un quart d’heure et l’emmener auprès de son véhicule. Décidément ils ne se gênaient pas. À quatre euros le café, on pouvait parler de racket !...
Le dépanneur fut ponctuel. Ils rejoignirent la première sortie de l’autoroute puis s’engagèrent de nouveau sur celle-ci, en sens inverse. Oui, il avait eu de la veine. Le hasard faisait parfois bien les choses. à€ quoi tenaient nos vies parfois... Le mécano n’était pas en mal de clichés. Dix ans qu’il faisait ce boulot, et toujours de nuit. Il en avait ramassé des épaves. Un boulot comme un autre. Évidemment, quand il y eu des morts... Là c’était autre chose quand il y a eu mort d’homme... Il avait été servi de ce côté-là . Sa première sortie. En gros là où ils allaient récupérer la voiture. Un C3 Picasso. Il s’en rappelait comme si c’était hier. Le gars avait dà» s’endormir. Le dépanneur se demandait encore s’il avait eu le temps de se rendre compte de ce qui se passait avant de mourir. Ne serait-ce même qu’un flash... Il gara son camion sur la bande d’arrêt d’urgence. Alluma ses gyrophares. Il n’en eut pas pour longtemps à tirer la voiture avec son treuil. Du gâteau, comme il disait. Il s’était ensuite lancé sur un discours à propos des assurances qui se faisaient tirer l’oreille pour payer. Qui mettaient en épave un peu vite, même des voitures qui auraient mérité d’être réparées. Surtout les modèles un peu anciens. Lui à§a l’énervait. Il était collectionneur. Les Citroë n sa passion. Que des modèles dont on avait arrêté la fabrication depuis plus de dix ans. Et d’ailleurs, le C3, ça l’aurait intéressé. Il en aurait pas donné des mille et des cent, mais vu qu’on n’en trouvait quasi plus, surtout en aussi bon état... Parce que, une fois refait le train avant...

autre dérive fantastique autoroutière : I’m on the highway

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