François Bon propose un atelier d’Ă©tĂ©, vers le fantastique, visant la rĂ©alisation d’un livre collectif. Proposition 2, marcher dans une maison vide, en un seul paragraphe formant bloc.
Façon pour moi de creuser et dĂ©velopper les deux principales sĂ©ries en chantier aujourd’hui sur le site, Lovecraft Generator d’une part, pour le surgissement d’images, de lieux, de personnages, d’atmosphère, d’autre part les notes de chevet, davantage tournĂ©es vers l’introspection et le quotidien.
Seule source de lumière, exceptĂ©e celle que laisse passer la jointure imparfaite du volet, la lucarne haut placĂ©e dans le mur du fond. Rectangle allongĂ© de la pièce, et de la table. Si longue. Six chaises autour, espacĂ©es large. Une seule assiette disposĂ©e. Et une bouteille de vin rouge Ă©toilĂ©. Soleil lointain d’AlgĂ©rie. Toile cirĂ©e oĂą, d’un carrĂ© l’autre, des canards s’envolent, et un chasseur vise, fusil levĂ©. Couteau encore fermĂ© sur une serviette quadrillĂ©e. Un boĂ®tier Ă Â lunettes sur le buffet. Formica blanc. Le Courrier de l’Ouest qui titre sur le Tour de France. Une fourchette et les Ă©clats d’un verre – dura lex sed lex sur le fond gardĂ© intact. La porte fermĂ©e du cellier. L’odeur de fruits quand l’ouvrir et ramener une bouteille. Jus de pommes pour les gosses, coup de blanc pour les hommes. CafĂ© pour les femmes. Du NescafĂ© depuis que tu es veuf. Un Ă©troit rai de soleil sur l’Ă©cran tĂ©lĂ©. PartagĂ© dans sa longueur, comme le portrait au fusain de ton chien mort – lui n’a jamais eu le droit d’entrer dans cette pièce. Ses aboiements quand on descendait de voiture, tirant sur sa chaĂ®ne devant l’Ă©table. Entrouverte, la porte qui mène aux chambres – jamais je ne l’ai franchie jusqu’alors. Deux si j’ai bien compris : la tienne. Et celle de ton fils perdu si jeune. Le silence que toi et ta femme gardiez. Mystère de l’enfant mort. Pas mĂŞme un prĂ©nom dans la bouche des adultes – leur ptchi gâ. Dehors, l’après-midi d’Ă©tĂ©.
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