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entre deux | notes

poussière confuse de bicoques neuves

Ici se fait jour la laideur particulière aux zones d՚urbanisation récente qui commencent à ceinturer un peu partout les villes : le cœur gris et bleu (ou gris et rose) des anciennes cités, serrées comme un poing autour de leurs ruelles, est noyé progressivement, ainsi que le cœur d՚un astre éclaté, dans une poussière confuse de bicoques neuves, qui vont crever jusque loin aux alentours la verdure, dans le semis anarchique et hasardeux qui est celui des trous d՚obus. De plus en plus nettement, avec la prolifération des résidences isolées périphériques, la notion de cité s՚efface au profit de l՚image d՚une vague densification humaine cancéreuse, qui ensemence loin autour d՚elle le tissu naturel de ses métastases et de ses ganglions. Des zones entières maintenant de l՚ancienne campagne — et étendues — font songer à un chaos où on aurait brassé et secoué pàªle-màªle les éléments urbains et ceux de la verdure circonvoisine, et où le tout serait resté à l՚état d՚émulsion mal liée, sans qu՚aucune décantation, aucune stratification nette paraisse se faire.
Julien Gracq, La forme d՚une ville

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