Le premier numéro de la revue d՚ici là  est consacré à  notre rapport au quotidien, au banal :
Nous dormons notre vie d՚un sommeil sans rà ªves.
« Interroger lÕšhabituel. Mais justement, nous y sommes habitués. Nous ne lÕšinterrogeons pas, il ne nous interroge pas, il semble ne pas faire problème, nous le vivons sans y penser, comme sÕšil ne véhiculait ni question ni réponse, comme sÕšil n՚était porteur dÕšaucune information. Ce nÕšest mà ªme plus du conditionnement, cÕšest de lÕšanesthésie. Nous dormons notre vie dÕšun sommeil sans rà ªves. Mais où est-elle notre vie ? Où est notre corps ? Où est notre espace ?  »
Georges Perec, LÕšInfra-ordinaire, Seuil, 1989.
Texte écrit pour d’ici là  1
Ce que nous faisions là  , allongé sur ce canapé, nous avions donc marché, descendu l՚escalier, d՚abord cette porte, pourtant si, avoir pris soin de la refermer, que rien ne la dérange, qu՚elle demeure là  endormie pendant que nous, ce couloir à  traverser, alors sans doute cette impression qu՚avancer, savoir vers quoi ne pas pouvoir le dire, le désirer tellement quand mà ªme l՚appréhension, avancer s՚y laisser prendre, de quoi avions-nous peur mais bifurquer main gauche, une à  une descendre ces marches qui grincent, quelle musique alors nous habitait, quels rythmes s՚inscrivaient au mouvement, combien de stations en cours de descente, et dire que non pas de chute, un à  un les degrés sans précipices, guidé comment, guidé par qui, descendu jusqu՚à  ce que nos pieds nus au paillasson, là  peut-à ªtre aurions-nous pu voler, détente d՚un corps qui s՚oublie atteindre au privilège, mais non, s՚avancer encore, demi pénombre parce que les lampadaires, le froid de la nuit sous la porte, ce qu՚il en demeure au carrelage, une porte encore, ce soin de les refermer toutes, ce qui jusqu՚ici nous a mené, quel inventaire pour l՚arpenteur des nuits, pour jusqu՚au canapé quand l՚abri des murs le béton rà ªche, toutes ces maisons en ligne leurs symétries, qu՚une porte seulement dans la cloison, l՚ailleurs si proche, qu՚à  peine plus d՚une main en franchir l՚épaisseur, s՚y réveiller matin d՚autres odeurs, sans l՚empreinte de nos corps, autre lieu autre nuit, qu՚en saurons-nous jamais, l՚inventaire sien suffit, se le dire ou le croire, ce que réel on nomme, de nos mains les yeux clos en dessiner l՚enveloppe, s՚y inscrire et pleurer du si peu qu՚on y glane : tant de fois nous y avions mimé l՚éveil.
La revue d’ici là  d’après son créateur, Pierre Ménard :
LÕšidée de cette revue est de jouer la carte dÕšune lecture écran, et de former, notamment autour des auteurs dont les textes numériques sont diffusés sur la plateforme publie.net, mais pas uniquement bien sà  »r, un ensemble éditorial où se confrontent lÕšimage, le texte et le son.
Plusieurs numéros sont lancés parallèlement chaque année, sous forme de chantiers à  suivre, à  partir d՚une phrase qui fera office de point d՚orgue. Les textes doivent à ªtre courts, quelques lignes, la plupart du temps. Mais la revue accueille également des textes plus longs, sur plusieurs pages, indépendamment de la forme de l՚écrit. Chacun peut envoyer ses créations tant que le chantier n՚est pas terminé.
Des graphistes, dessinateurs, peintres, illustrateurs, photographes, sont de la mà ªme faà §on, invités régulièrement à  envoyer leur travail. La revue est accompagnée d՚une bande son, qui forme une approche du thème au mà ªme titre que les textes et les images.
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