C’Ă©tait dimanche dernier. Je n’Ă©tais pas retournĂ© sur les lieux de l’enfance depuis presque un an. L’expĂ©rience a Ă©tĂ© involontaire. Il ne s’agissait que de marcher un peu. J’ai pris derrière le supermarchĂ©, histoire d’apercevoir les prĂ©s, et parce que l’espace vide du parking est vertigineux. J’ai continuĂ© jusqu’au bowling, repère gĂ©odĂ©sique sa quille blanche sur le toit. La rue avant se finissait en cul de sac. C’Ă©tait le bout. Plus maintenant. J’ai continuĂ©. La lèpre avait encore gagnĂ© sur les prĂ©s. ArrivĂ© au dernier parking et son hangar de tĂ´les, un Noz, j’ai aperçu les bâtiments carrĂ©s, leur façade blanche, reconnu la ferme. Les lieux avaient rĂ©trĂ©ci, mais ce n’Ă©tait pas qu’une question d’âge. J’ai rĂ©gulièrement marchĂ© dans le coin depuis l’enfance. Mais d’avoir ainsi quadrillĂ©, morcelĂ© l’espace l’avait diminuĂ©. De l’avoir vouĂ© Ă Â la marchandise. Qu’importe, la route du May Ă©tait lĂ Â , empruntĂ©e Ă Â vĂ©lo gamin, Ă Â pieds avec mon père tant qu’il a pu. Je l’ai rejointe. Il m’a suffi de franchir le parking, monter la butte de terre, passĂ© entre des arbustes rachitiques : les Ă©chappĂ©es belles Ă©taient lĂ Â , les peurs aussi, et la voix de mon père.
Il suffisait de cadrer pour ignorer la lèpre.
Commentaires
Pas de Message - Forum fermé