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vases communicants

hurlant couper cabèche

vase communicant de mars 2014, paru initialement sur le site de Franck Queyraud, Flânerie quotidienne

Cher Franck,

en découvrant cette carte postale, je me suis demandé ce que le gars pouvait écrire entre pelles et pioches. J’ai eu beau scanner, zoomer, rien, sinon la dissolution de l’image en une multitude de petits carrés. Et le sentiment de ne pouvoir approcher. Alors décrire. La photo a été prise par temps ensoleillé puisque des ombres, peut-être même celle du photographe. Imaginer une mise en scène, qu’on lui ait demandé de s’installer là , en équilibre, de faire semblant d’écrire auprès des outils, dans un angle pour le cadrage, pieux d’étayage et boue séchée, un peu plus bas que terre.

Cette guerre-là , c’était celle du grand-père. Aucun récit, sinon ces tirailleurs sénégalais armés d’une pelle hurlant couper cabèche. Du silence, jusque dans les mots.

Bergounioux, dans ses Carnets de notes, évoque à propos de son père la façon dont la guerre l’avait marqué, et comment leur relation en avait été affectée. Les guerres sont des gouffres de silence. Parfois trois générations suffisent à peine à le briser.

Bien à toi,
M.

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