L’impasse comportait sept maisons côte à côte, exactement pareilles les unes aux autres, avec chacune une porte centrale, deux fenêtres à gauche, celles du salon, et à droite la fenêtre de la salle à manger derrière laquelle se trouvait la cuisine. Les chambres étaient au premier étage.
Des maisons identiques se dressaient deux ans plus tôt encore de l’autre côté de la chaussée et portaient les numéros pairs. L’énorme boule de fer des démolisseurs les avait abattues comme des jouets de carton et maintenant un chantier encombré de grues, de poutrelles, de concasseurs, de planches et de brouettes constituait tout le paysage.
Trois habitants de la rue possédaient une auto. Même les volets baissés, on entendait, le soir, si quelqu’un sortait. Et, du dehors, on voyait dans quelle pièce les gens se tenaient.
Peu de locataires fermaient leurs rideaux et on apercevait les couples, les familles à table, un homme au front dégarni qui lisait, dans son fauteuil, sous un tableau encadré d’or terni, un enfant qui suçait son crayon, penché sur un cahier, une femme qui épluchait les légumes du lendemain.
Tout était mou, douçâtre, feutré.
Simenon, Le Chat
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