Aujourd ?hui, échange avec Gwen Denieul, qui a proposé qu’on écrive autour de l’idée de vie nouvelle. On peut lire Gwen sur son blog, embrasures, qu’il définissait il y a peu dans un tweet comme puzzle éclaté du livre à venir. Faire aussi un tour sur nerval.fr pour découvrir Comment les hommes rampent
Merci à Brigitte Célérier qui, une fois de plus, a dressé la liste des participants aux vases communicants.
Mon texte chez Gwen, sorte de colère noire.
Dans la nuit heureuse
La vie nouvelle avec Li dans la simple présence de l ?un et de l ?autre, se dit Simon. Sans jugement, sans espoir ni regret, mais dans l ?écoute et l ?acceptation de ce que nous sommes. C ?est un bonheur qui grandit naturellement, comme une plante. Elle vit seulement. Seulement elle vit. Et j ?apprends à seulement vivre avec elle. Je me contente d ?àªtre présent à ce que je suis en train de vivre. Je sais, à§a paraît simple dit comme à§a, mais vous savez, la simplicité est souvent déconcertante. Grà¢ce à Li, je découvre le bonheur que c ?est d ?àªtre présent au monde. De n ?attendre rien d ?autre de la vie. J ?apprends à me dépouiller de tout ce qui m ?encombrait (j ?ai de quoi faire). Aussi à éviter les pièges que l ?habitude me tend à chaque instant. Des zones d ?expansion apparaissent quand les habitudes se perdent. Après m ?àªtre mutilé pendant tant d ?années, il est temps de m ?émerveiller. C ?est comme si une partie de moi avait retrouvé l ?insouciance de quand j ?étais gosse.
Li s ?est endormie sur le canapé. Elle est pelotonnée sur elle-màªme, comme une enfant qui dort. Elle est sublimement belle. à€ te fendre le cœur. Tu aimerais crier de joie. Tu te lèves pour allumer une clope. Tu continues à l ?observer. Sa respiration est lente et profonde. La transpiration sèche sur sa peau. Tu meurs d ?envie de la sentir et de la lécher encore. La boire jusqu ?à la dernière goutte. La fenàªtre est grande ouverte. Aucun souffle sur la ville. La circulation s ?est atténuée à cette heure. Sur la pendule, tu regardes défiler les secondes. Les odeurs de la ville, la chaleur de la nuit, la transpiration sur sa peau, tu aimerais les garder toujours avec toi.
« C ?est beau ce que tu peins » Elle m ?a dit à§a ce matin. Une phrase toute simple, une phrase banale mais qui m ?a touché en plein cœur : « C ?est beau ce que tu peins. » Elle parle comme à§a, Li, de ces peintures qui me dépassent, dont je feins d ?àªtre l ?auteur. Je déborde d ?énergie depuis que je suis avec elle. Je ne cherche plus à cacher mes tares en sa présence. Mes vices prennent leurs aises. Je touche au bonheur sans en avoir l ?air, sur la pointe des pieds. Elle a désordonné mon quotidien. M ?a transformé en free jazz. C ?est à la fois étrange et déstabilisant. De puissantes énergies sont à l ?œuvre, me dis-je. J ?aime bien me monter la tàªte. à€ tout moment je ressens le besoin de faire ce que j ?aime le plus au monde. Je passe le printemps à peindre le printemps. Je peins pour le seul plaisir de peindre, sur des toiles de plus en plus grandes. J ?y jette toutes mes forces. C ?est ma faà§on d ?intensifier le présent. Mouvement perpétuel de la création. Cette vie qui déborde d ?elle-màªme. Ma joie se réinvente sans cesse. Et demain ce sera encore mieux. Oui, y a pas à dire, à§a rend heureux de s ?imaginer artiste. J ?aimerais me dissoudre dans la création, me noyer dans les couleurs, les formes, les lumières. J ?aimerais quitter Li en pleine euphorie, qu ?elle ne connaisse que à§a de moi.
Sur le rebord de la fenàªtre, deux pigeons enfouissent leur tàªte dans leur plumage. La ville change d ?odeurs. Là -bas, vers l ?ouest, des nuages s ?assemblent et s ?obscurcissent. Tu sais bien que tu dois tordre la réalité pour avoir cette vision de bonheur sans ombre avec elle. Les pigeons sentent que l ?orage va éclater. Peu à peu tes amis s ?éloignent. C ?est pas bon signe. Il y a un grondement au loin. Tu te penches à la fenàªtre pour regarder l ?agitation dans la rue et sentir l ?orage qui vient. L ?empilement de ces planches de bois sur le trottoir avec la baignoire, les deux chaises et l ?armoire au pied de l ?arbre, à§a ferait une belle barricade. Tu as lu qu ?hier l ?Apple Store d ?Opéra a été pris d ?assaut. Le redoublement de vie que tu connais s ?accompagne d ?un redoublement de hantise. Il y a quelque chose d ?atrocement beau à àªtre si heureux, te dis-tu, comme si rien d ?autre n ?existait.
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