je me souviens de l’expression à tirer vers pour être situé aux environs de
dans une ferme, accroché au-dessus d’une télévision, du portrait d’un chien dessiné au fusain — dans cette même pièce, de la présence d’un enfant mort dont je n’ai jamais vu de photographie — d’y avoir tenu, je devais avoir 5 ans, les rênes d’un cheval tirant une charrette de foin — je me souviens que c’était une dernière fois — d’être rentré dans la 2CV du grand-oncle l’après-midi, et qu’il klaxonnait quand nous sommes arrivés à la maison — le vin tenait les chagrins à distance — je me souviens qu’il ne voulait rien dire de sa captivité en Allemagne — quand il était question de la guerre, il demeurait silencieux, et bientôt sortait de sa poche de pantalon un mouchoir, et essuyait la larme qui roulait sur sa joue — qu’une fois par an, il recevait ceux qu’il appelait ses copains du Nord, qu’il avait rencontrés au stalag
je me souviens que ma mère, pour désigner une personne orgueilleuse disait elle se croit —et, pour désigner une femme qui s’affichait avec ostentation, une pedigree
je me souviens des dessins de mon père réalisés au fusain et représentant des animaux, accrochés sur les murs du sous-sol — que mon fils m’a fait vivre chaque étape de la réalisation, y compris hésitations et repentirs, et combien c’était émouvant le temps aboli par le geste retrouvé — que les cadres dans lesquels se trouvaient ses dessins abritaient à l’origine des reproductions de gravures religieuses
je me souviens m’être dit récemment qu’au fur et à mesure du temps, le passé se remplit de morts
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