OĂą Bianchon est de nouveau narrateur :
Dites, monsieur Bianchon !... demanda-t-on de tous cà ´tés.
OĂą il est question d’un jardin qui n’est plus :
Du haut de la montagne sur laquelle pendent les ruines du vieux chà ¢teaux des ducs de Vendà ´me, le seul endroit d’oĂą l՚œil puisse plonger sur cet enclos, on se dit que, dans un temps qu’il est difficile de dĂ©terminer, ce coin de terre fit les dĂ©lices de quelque gentilhomme occupĂ© de roses, de tulipiers, d’horticulture en un mot, mais surtout gourmand de bons fruits. On aperà §oit une tonnelle, ou plutà ´t les dĂ©bris d’une tonnelle sous laquelle est encore une table que le temps n’a pas entièrement dĂ©vorĂ©e. à € l’aspect de ce jardin qui n’est plus, les joies nĂ©gatives de la vie paisible dont on jouit en province se devinent, comme on devine l’existence d’un bon nĂ©gociant sous l’Ă©pitaphe de sa tombe.
...et d’une maison en ruines :
Les toits de cette maison sont horriblement dĂ©gradĂ©s, les persiennes sont toujours closes, les balcons sont couverts de nids d’hirondelles, les portes restent constamment fermĂ©es. De hautes herbes ont dessinĂ© par des lignes vertes les fentes des perrons, les ferrures sont rouillĂ©es. La lune, le soleil, l’hiver, l’Ă©tĂ©, la neige ont creusĂ© les bois, gauchi les planches, rongĂ© les peintures. Le morne silence qui règne lĂ Â n’est troublĂ© que par les oiseaux, les chats, les fouines, les rats et les souris, libres de trotter, de se battre, de se manger. Une invisible main a partout Ă©crit le mot : Mystère.
Cette maison vide et dĂ©serte est une immense Ă©nigme dont le mot n’est connu de personne ; Elle Ă©tait autrefois un petit fief, et porte le nom de la Grande Bretèche.
N’Ă©tait-ce pas mieux qu’une ruine ? à € une ruine se rattachent quelques souvenirs d’une irrĂ©fragable authenticitĂ© ; mais cette habitation encore debout quoique lentement dĂ©molie par une main vengeresse, renfermait un secret, une pensĂ©e inconnue ; elle trahissait un caprice tout au moins.
Où le romanesque imprègne le réel :
Ah ! mon cher monsieur, si vous aviez vu, comme je la vis alors, cette vaste chambre tendue en tapisseries brunes, vous vous seriez cru transporté dans une véritable scène de roman.
Où sont évoquées les conditions nécessaires au récit oral ;
LĂ Â -dessus, elle regrĂ©a son foulard, et se posa comme pour conter ; car il y a, certes, une attitude de confiance et de sĂ©curitĂ© nĂ©cessaire pour faire un rĂ©cit. Les meilleures narrations se disent Ă Â une certaine heure, comme nous sommes lĂ Â tous Ă Â table. Personne n’a bien contĂ© debout ou Ă Â jeun.
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