// Vous lisez...

traversée Balzac

Gobseck

Où se profile l’ombre de Goriot :
Monsieur de Restaud a une mère qui mangerait des millions, une femme mal née, une demoiselle Goriot qui jadis a fait beaucoup parler d’elle. Elle s’est si mal comportée avec son père qu’elle ne mérite certes pas d’avoir un si bon fils.

Où l’Orléanais d’adoption (de mutation serait plus approprié) se dit que le canal, avant d’àªtre lieu de promenade, a été une affaire de gros sous :
il fit encore recouvrer quelques actions sur le canal d’Orléans et certains immeubles assez importants que l’empereur avait donnés en dot à des établissements publics

Où s’immisce le romanesque :
Cette aventure, dit Derville après une pause, me rappelle les seules circonstances romanesques de am vie. Vous riez déjà , reprit-il, en entendant un avoué vous parler d’un roman dans sa vie ! Mais j’ai eu vingt-cinq ans comme tout le monde, et à cet à¢ge j’avais déjà vu d’étranges choses.

et à propos de Gobseck :
Sa mère l’avait embarqué dès l’à¢ge de dix ans en qualité de mousse pour les possessions hollandaises dans les grandes Indes, où il avait roulé pendant vingt années. Aussi les rides de son front jaunà¢tre gardaient-elles les secrets d’événements horribles, de terreurs soudaines, de hasards inespérés, de traverses romanesques, de joies infinies : la faim supportée, l’amour foulé aux pieds, la fortune compromise, perdue, retrouvée, la vie maintes fois en danger, et sauvée peut-àªtre par ces déterminations dont la rapide urgence excuse la cruauté.

Les affaires se font comme des affaires, et non comme des romans, avec de la sensiblerie.

Où l’homme et l’habitat ne font qu’un :
sa maison et lui se ressemblaient. Vous eussiez dit de l’huître et son rocher.

Jadis riche et recherché dans ses goà »ts, il se complaisait alors dans le triste spectacle que lui offrait cette pièce où la cheminée, le secrétaire et les chaises étaient encombrés des objets que nécessite une maladie : des fioles vides ou pleines, presque toutes sales ; du linge épars, des assiettes brisées, une bassinoire ouverte devant le feu, une baignoire encore pleine d’eau minérale. Le sentiment de la destruction était exprimé dans chaque détail de ce chaos disgracieux. La mort apparaissait dans les choses avant d’envahir la personne.

Où le nom est clé :
par une singularité que Sterne appellerait une prédestination, cet homme se nommait Gobseck
Les débats m’apprirent que la belle Hollandaise se nommait en effet Sara Van Gobseck. Lorsque je lui demandai par quelle bizarrerie sa petite nièce portait son nom : Les femmes ne se sont jamais mariées dans notre famille, me répondit-il en souriant.
Un soir j’entrai chez cet homme qui s’était fait or, et que, par antiphrase ou par raillerie, ses victimes, qu’il nommait ses clients, appelaient papa Gobseck.

Où prend place l’indétermination sexuelle :
Je me suis quelquefois demandé à quel sexe il appartenait. Si les usuriers ressemblent à celui-là , je crois qu’ils sont tous du genre neutre.

à propos du dandy Maxime de Trailles :
Type de la chevalerie errante de nos salons, de nos boudoirs, de nos boulevards, espèce amphibie qui tient autant de l’homme que de la femme

J’ai reà§u beaucoup de monde ce matin : des femmes, des hommes, des demoiselles qui ressemblaient à des jeunes gens, et des jeunes gens qui ressemblaient à des demoiselles

Où l’or semble seul point fixe :
Rien n’est fixe ici-bas, il n’y existe que des conventions qui se modifient suivant les climats. Pour qui s’est jeté forcément dans tous les moules sociaux, les convictions et les morales ne sont plus que des mots sans valeur. Reste en nous le seul sentiment vrai que la nature y ait mis : l’instinct de notre conservation. Dans vos sociétés européennes, cet instinct se nomme intéràªt personnel. Si vous aviez vécu autant que moi, vous sauriez qu’il n’est qu’une seule chose matérielle dont la valeur soit assez certaine pour qu’"un homme s’en occupe. Cette chose ... c’est l’or.

et où l’or est au service de la violence, légitime parce que naturelle (!) :
l’homme est le màªme partout : partout le combat entre le pauvre et le riche est établi, partout il est inévitable ; il vaut donc mieux àªtre l’exploitant que l’exploité

Où Gobseck est romancier à sa faà§on :
croyez-vous que ce ne soit rien que de pénétrer ainsi dans les plus secrets replis du cÅ“ur humain, d’épouser la vie des autres, et de la voir à nu ?

et presque l’égal de Dieu :
Mon regard est comme celui de Dieu, je vois dans les cÅ“urs. Rien ne m’est caché. On ne refuse rien à qui lie et délie les cordons du sac. Je suis assez riche pour acheter les consciences de ceux qui font mouvoir les ministres, depuis leurs garà§ons de bureau jusqu’à leurs maîtresses :n’est-ce pas le Pouvoir ? Je puis avoir les plus belles femmes et leurs plus tendres caresses, n’est-ce pas le Plaisir ? Le Pouvoir et le Plaisir ne résument-ils pas tout votre ordre social ?

Commentaires

Pas de Message - Forum fermé