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traversée Balzac

Les comédiens sans le savoir

OĂą d’emblĂ©e placer le lecteur dans une continuitĂ© :

Si vous avez suivi le cours sinueux et capricieux de ces Etudes, peut-être vous souvenez-vous de Mistigris, élève de Schinner, un des héros de Un début dans la vie (Scènes de la vie privée), et de ses apparitions dans quelques autres Scènes.

OĂą le verbe minotauriser

OĂą Paris :

Paris, dit alors le paysagiste Ă son cousin, est un instrument dont il faut savoir jouer

Nous allons prendre Paris comme un artiste prend un violoncelle, et te faire voir comment on en joue, enfin comment on s’amuse àParis.

OĂą Ă©crire c’est adapter son regard :

Une des plus grandes fautes que commettent les gens qui peignent nos mœurs est de répéter de vieux portraits. Aujourd’hui chaque état s’est renouvelé. Les épiciers deviennent pairs de France, les artistes capitalisent, les vaudevillistes ont des rentes. Si quelques rares figures restent ce qu’elles étaient jadis, en général les professions n’ont plus leur costume spécial, ni leurs anciennes mœurs.

OĂą l’importance du nom pour rĂ©ussir :

En 1800, un Toulousain nommĂ© Cabot, jeune perruquier dĂ©vorĂ© d’ambition, vint Ă Paris, et y leva boutique (je me sers de votre argot). Cet homme de gĂ©nie (il jouit de vingt-quatre mille francs de rentes Ă Libourne oĂą il s’est retirĂ©) comprit que ce nom vulgaire et ignoble n’atteindrait jamais Ă la cĂ©lĂ©britĂ©. M. de Parny, qu’il coiffait, lui donna le nom de Marius, infiniment supĂ©rieur aux prĂ©noms d’Armand et d’Hippolyte, sous lesquels se cachent des noms patronymiques attaquĂ©s du mal-Cabot. Tous les successeurs de Cabot se sont appelĂ©s Marius. Le Marius actuel est Marius V, il se nomme Mougin. Il en est ainsi dans beaucoup de commerces, pour l’eau de Botot, pour l’encre de la Petite-Vertu. A Paris, un nom devient une propriĂ©tĂ© commerciale, et finit par constituer une sorte de no-blesse d’enseigne.

OĂą renoncer Ă la description :

Une fois arrivés, les trois amis aperçurent dans une des plus vieilles maisons de cette rue un escalier àmarches palpitantes, àcontre-marches en boue raboteuse, qui les mena dans le demi-jour et par une puanteur particulière aux maisons àallée jusqu’au troisième étage àune porte que le dessin seul peut rendre, la littérature y devant perdre trop de nuits pour la peindre convenablement.

OĂą le personnage se confond avec son dĂ©cor :

Une vieille, en harmonie avec la porte, et qui peut-être était la porte animée

OĂą la littĂ©rature est en deçàdu rĂ©el (que Balzac, lui, saisit) :

Il embrassa tous ces détails par un seul coup d’œil, et il eut des nausées. C’était bien autrement effrayant que les récits des romanciers et les scènes des drames allemands, c’était d’une vérité suffocante.

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