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traversée Balzac

Les secrets de la princesse de Cadignan

OĂą changer de nom pour s’offrir un nouveau dĂ©part :

Cette femme, si célèbre sous son premier nom de duchesse de Maufrigneuse, prit alors sagement le parti de vivre dans une profonde retraite, et voulut se faire oublier. Paris fut emporté par un courant d’événements si vertigineux, que bientôt la duchesse de Maufrigneuse, enterrée dans la princesse de Cadignan, mutation de nom inconnue àla plupart des nouveaux acteurs de la société mis en scène par la Révolution de Juillet, devint comme une étrangère.

OĂą comment habiter la ville tĂ©moigne de l’évolution des temps :

Quand on songe Ă ce que fut, sous la Restauration, la belle duchesse de Maufrigneuse, une des reines de Paris, une reine Ă©clatante, dont la luxueuse existence en aurait remontrĂ© peut-ĂŞtre aux plus riches femmes Ă la mode de Londres, il y avait je ne sais quoi de touchant Ă la voir dans son humble coquille de la rue Miromesnil, Ă quelques pas de son immense hĂ´tel qu’aucune fortune ne pouvait habiter, et que le marteau des spĂ©culateurs a dĂ©moli pour en faire une rue. La femme Ă peine servie convenablement par trente domestiques, qui possĂ©dait les plus beaux appartements de rĂ©ception de Paris, les plus jolis petits appartements, qui y donna de si belles fĂŞtes, vivait dans un appartement de cinq pièces : une antichambre, une salle Ă manger, un salon, une chambre Ă coucher et un cabinet de toilette, avec deux femmes pour tout domestique.

OĂą le nom, source de paradoxe :

Ah ! le matin de la prise de Saint-Merry, un gamin a voulu me parler Ă moi-mĂŞme, et m’a remis une lettre Ă©crite sur du papier commun, signĂ© du nom de l’inconnu.
— Montrez-la-moi, dit la marquise.
— Non, ma chère. Cet amour a été trop grand et trop saint dans ce cœur d’homme pour que je viole son secret. Cette lettre, courte et terrible, me remue encore le cœur quand j’y songe. Cet homme mort me cause plus d’émotions que tous les vivants que j’ai distingués, il revient dans ma pensée.
— Son nom, demanda la marquise.
— Oh ! un nom bien vulgaire, Michel Chrestien.

OĂą rivaliser avec Molière :

Ici commence l’une de ces comĂ©dies inconnues jouĂ©es dans le for intĂ©rieur de la conscience, entre deux ĂŞtres dont l’un sera la dupe de l’autre, et qui reculent les bornes de la perversitĂ©, un de ces drames noirs et comiques, auprès desquels le drame de Tartufe est une vĂ©tille ; mais qui ne sont point du domaine scĂ©nique, et qui, pour que tout en soit extraordinaire, sont naturels, concevables et justifiĂ©s par la nĂ©cessitĂ©, un drame horrible qu’il faudrait nommer l’envers du vice.

Elle avait passĂ© sa vie Ă s’amuser, elle Ă©tait un vrai don Juan femelle, Ă cette diffĂ©rence près que ce n’est pas Ă souper qu’elle eĂ »t invitĂ© la statue de pierre, et certes elle aurait eu raison de la statue.

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