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traversée Balzac

Le Cabinet des antiques

OĂą dĂ©marrer le rĂ©cit c’est zoomer :

Dans une des moins importantes Préfectures de France, au centre de la ville, au coin d’une rue, est une maison

OĂą modifier les noms devient garantie d’une description fidèle de ses contemporains :

mais les noms de cette rue et de cette ville doivent ĂŞtre cachĂ©s ici. Chacun apprĂ©ciera les motifs de cette sage retenue exigĂ©e par les convenances. Un Ă©crivain touche Ă bien des plaies en se faisant l’annaliste de son temps !… La maison s’appelait l’hĂ´tel d’Esgrignon ; mais sachez encore que d’Esgrignon est un nom de convention, sans plus de rĂ©alitĂ© que n’en ont les Belval, les Floricour, les Derville de la comĂ©die, les Adalbert ou les Monbreuse du roman. Enfin, les noms des principaux personnages seront Ă©galement changĂ©s.

OĂą Balzac affirme tenir son rĂ©cit d’un de ses personnages :

Je ne me souviens pas d’avoir jamais rencontré de femme qui ait autant que mademoiselle d’Esgrignon frappé mon imagination, dit Blondet àqui la littérature contemporaine est, entre autres choses, redevable de cette histoire.

OĂą Balzac est rĂ©solument moraliste :

Mademoiselle d’Esgrignon est une des figures les plus instructives de cette histoire : elle vous apprendra ce que, faute d’intelligence, les vertus les plus pures peuvent avoir de nuisible.

OĂą est Ă©voquĂ©e la limite entre rĂ©el et fantastique :

Ce salon était alors comme une cage de verre, et personne n’allait ou venait dans la ville sans y jeter un coup d’œil. Cette pièce me sembla toujours, àmoi, bambin de douze ans, être une de ces curiosités rares qui se trouvent plus tard, quand on y songe, sur les limites du réel et du fantastique, sans qu’on puisse savoir si elles sont plus d’un côté que de l’autre.

OĂą Paris est objet de dĂ©sir :

Il aspirait àParis avec une violence fatale, il s’y était toujours transporté par la pensée comme dans le monde de la féerie et y avait mis la scène de ses plus beaux rêves.

Il descendit rue de Richelieu, dans un bel hôtel près du boulevard, et se hâta de prendre possession de Paris comme un cheval affamé se rue sur une prairie.

OĂą Paris est peuplĂ© des personnages de la ComĂ©die humaine :

Comme le lui dit de Marsay, le premier dandy qu’il trouva dans le premier salon où il fut introduit, il fallait se mettre àla hauteur de son époque. Pour son malheur, il tomba dans le monde des roués Parisiens, des de Marsay, des Ronquerolles, des Maxime de Trailles, des des Lupeaulx, des Rastignac, des Vandenesse, des Ajuda-Pinto, des Beaudenord, et des Manerville qu’il trouva chez la marquise d’Espard, chez les duchesses de Grandlieu, de Carigliano, chez les marquises d’Aiglemont et de Listomère, chez madame de Sérisy, àl’opéra, aux ambassades, partout où le mena son beau nom et sa fortune apparente.

OĂą encore et toujours l’importance du nom :

A Paris, un nom de haute noblesse, reconnu et adopté par le faubourg Saint-Germain qui sait ses provinces sur le bout du doigt, est un passe-port qui ouvre les portes les plus difficiles àtourner sur leurs gonds pour les inconnus et pour les héros de la société secondaire.

OĂą la sociĂ©tĂ© est en mutation :

Enfin, vous, comte d’Esgrignon, vous soupez avec un sieur Blondet, fils cadet d’un misĂ©rable juge de province, Ă qui vous ne donniez pas la main lĂ -bas, et qui dans dix ans peut s’asseoir Ă cĂ´tĂ© de vous parmi les pairs du royaume. Après cela, croyez en vous, si vous pouvez !

— Eh ! bien, dit Rastignac, nous sommes passĂ©s du Fait Ă l’IdĂ©e, de la force brutale Ă la force intellectuelle

OĂą il est question de la bourgeoisie en politique :

Il représentait admirablement déjàcette Bourgeoisie qui offusque de ses petites passions les grands intérêts du pays, quinteuse en poli tique, aujourd’hui pour et demain contre le pouvoir, qui compromet tout et ne sauve rien, désespérée du mal qu’elle a fait et continuant àl’engendrer, ne voulant pas reconnaître sa petitesse, et tracassant le pouvoir en s’en disant la servante, àla fois humble et arrogante, demandant au peuple une subordination qu’elle n’accorde pas àla Royauté, inquiète des supériorités qu’elle désire mettre àson niveau, comme si la grandeur pouvait être petite, comme si le pouvoir pouvait exister sans force.

OĂą Balzac puise encore une fois chez Molière :

Madame de Maufrigneuse Ă©tait Ă demi pensive : mĂŞmes inquiĂ©tudes la dĂ©voraient, mais elle les supportait avec courage. Parmi les organisations diverses que les physiologistes ont remarquĂ©es chez les femmes, il en est une qui a je ne sais quoi de terrible, qui comporte une vigueur d’âme, une luciditĂ© d’aperçus, une promptitude de dĂ©cision, une insouciance, ou plutĂ´t un parti pris sur certaines choses dont s’effraierait un homme. Ces facultĂ©s sont cachĂ©es sous les dehors de la faiblesse la plus gracieuse. Ces femmes, seules entre les femmes, offrent la rĂ©union ou plutĂ´t le combat de deux ĂŞtres que Buffon ne reconnaissait existants que chez l’homme. Les autres femmes sont entièrement femmes ; elles sont entièrement tendres, entièrement mères, entièrement dĂ©vouĂ©es, entièrement nulles ou ennuyeuses ; leurs nerfs sont d’accord avec leur sang et le sang avec leur tĂŞte ; mais les femmes comme la duchesse peuvent arriver Ă tout ce que la sensibilitĂ© a de plus Ă©levĂ©, et faire preuve de la plus Ă©goĂŻste insensibilitĂ©. L’une des gloires de Molière est d’avoir admirablement peint, d’un seul cĂ´tĂ© seulement, ces natures de femmes dans la plus grande figure qu’il ait taillĂ©e en plein marbre : CĂ©limène ! CĂ©limène, qui reprĂ©sente la femme aristocratique, comme Figaro, cette seconde Ă©dition de Panurge, reprĂ©sente le peuple.

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