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traversée Balzac

L’illustre Gaudissart

OĂą c’est aussi pour ça que tu aimes revenir Ă Balzac :

Notre siècle reliera le règne de la force isolĂ©e, abondante en crĂ©ations originales, au règne de la force uniforme, mais niveleuse, Ă©galisant les produits, les jetant par masses, et obĂ©issant Ă une pensĂ©e unitaire, dernière expression des sociĂ©tĂ©s. Après les saturnales de l’esprit gĂ©nĂ©ralisĂ©, après les derniers efforts de civilisations qui accumulent les trĂ©sors de la terre sur un point, les tĂ©nèbres de la barbarie ne viennent-ils pas toujours ?

OĂą le nom, toujours :

Jamais nom ne fut plus en harmonie avec la tournure, les manières, la physionomie, la voix, le langage d’aucun homme.

cette conscription de noms célèbres levée àl’insu des infortunés artistes qui les portent, et se trouvent ainsi coopérer activement àplus d’entreprises que l’année n’a de jours, car la loi n’a pas prévu le vol des noms

OĂą Balzac dĂ©busque la confusion et dĂ©voile ses fondements :

Depuis 1830, plus spĂ©cialement, les idĂ©es devinrent des valeurs ; et, comme l’a dit un Ă©crivain assez spirituel pour ne rien publier, on vole aujourd’hui plus d’idĂ©es que de mouchoirs. Peut-ĂŞtre, un jour, verrons-nous une Bourse pour les idĂ©es ; mais dĂ©jĂ , bonnes ou mauvaises, les idĂ©es se cotent, se rĂ©coltent, s’importent, se portent, se vendent, se rĂ©alisent et rapportent. S’il ne se trouve pas d’idĂ©es Ă vendre, la SpĂ©culation tâche de mettre des mots en faveur, leur donne la consistance d’une idĂ©e, et vit de ses mots comme l’oiseau de ses grains de mil. Ne riez pas ! Un mot vaut une idĂ©e dans un pays oĂą l’on est plus sĂ©duit par l’étiquette du sac que par le contenu. N’avons-nous pas vu la Librairie exploitant le mot pittoresque, quand la littĂ©rature eut tuĂ© le mot fantastique. Aussi le Fisc a-t-il devinĂ© l’impĂ´t intellectuel, il a su parfaitement mesurer le champ des Annonces, cadastrer les Prospectus, et peser la pensĂ©e, rue de la Paix, hĂ´tel du Timbre. En devenant une exploitation, l’intelligence et ses produits devaient naturellement obĂ©ir au mode employĂ© par les exploitations manufacturières. Donc, les idĂ©es conçues, après boire, dans le cerveau de quelques-uns de ces Parisiens en apparence oisifs, mais qui livrent des batailles morales en vidant bouteille ou levant la cuisse d’un faisan, furent livrĂ©es, le lendemain de leur naissance cĂ©rĂ©brale, Ă des Commis-Voyageurs chargĂ©s de prĂ©senter avec adresse, urbi et orbi, Ă Paris et en province, le lard grillĂ© des Annonces et des Prospectus, au moyen desquels se prend, dans la souricière de l’entreprise, ce rat dĂ©partemental, vulgairement appelĂ© tantĂ´t l’abonnĂ©, tantĂ´t l’actionnaire, tantĂ´t membre correspondant, quelquefois souscripteur ou protecteur, mais partout un niais.

OĂą il vaut mieux ĂŞtre fou que niais.

OĂą la ruse Ă©choue face Ă l’alliance du vin et de l’absurde :

Nous y sommes, monsieur, reprit le fou. Mon vin est capiteux, s’accorde avec capital en Ă©tymologie ; or, vous parlez capitaux… hein ? caput, tĂŞte ! tĂŞte de Vouvray, tout cela se tient…

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