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roy buchanan

Balzac | une âme qui se rend sensible

Il arrive souvent quÕšun morceau pauvre en lui-même, mais exécuté par une jeune fille sous lÕšempire dÕšun sentiment profond, fasse plus dÕšimpression quÕšune grande ouverture pompeusement dite par un orchestre habile. Il existe en toute musique, outre la pensée du compositeur, l՚âme de lÕšexécutant, qui, par un privilège acquis seulement à cet art, peut donner du sens et de la poésie à des phrases sans grande valeur. Chopin prouve aujourdÕšhui pour lÕšingrat piano la vérité de ce fait déjà démontré par Paganini pour le violon. Ce beau génie est moins un musicien quÕšune à¢me qui se rend sensible et qui se communiquerait par toute espèce de musique, même par de simples accords. Par sa sublime et périlleuse organisation, Ursule appartenait à cette école de génies si rares ; mais le vieux Schmucke, le maître qui venait chaque samedi et qui pendant le séjour dÕšUrsule à Paris la vit tous les jours, avait porté le talent de son élève à toute sa perfection. Le Songe de Rousseau, morceau choisi par Ursule, une des compositions de la jeunesse dÕšHérold, ne manque pas dÕšailleurs dÕšune certaine profondeur qui peut se développer à lÕšexécution ; elle y jeta les sentiments qui lÕšagitaient et justifia bien le titre de Caprice que porte ce fragment. Par un jeu à la fois suave et rêveur, son à¢me parlait à l՚à¢me du jeune homme et lÕšenveloppait comme dÕšun nuage par des idées presque visibles.

Balzac, Ursule Mirouà« t

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