et elle enfila d՚un regard les boulevards extérieurs, à droite, à gauche, s՚arràªtant aux deux bouts, prise d՚une épouvante sourde, comme si sa vie, désormais, allait tenir là , entre un abattoir et un hà´pital
Zola, L’Assommoir
Articles les plus récents
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entre un abattoir et un hà´pital
3 septembre 2014, par M.B. -
rêve oublié
3 septembre 2014, par M.B.ne pas se souvenir d’un rêve, n’en garder qu’une impression vague, savoir qu’il irradie l’humeur du jour, colore celui-ci, en attraper moins qu’une image, penser à la Recherche, se résoudre à ce qu’ici, effort et volonté n’auront pas prise, s’inquiéter de ce qui se dérobe, de ce qu’il y avait là et qu’on ignorera sans doute à jamais, de ce qu’on aurait pu saisir, poursuivre malgré tout ce à quoi la veille oblige, mais un peu plus distant, comprendre ce que ce morceau de nuit perdu produit (...)
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un cimetière pour appui
21 août 2014, par M.B.entrepris cet été la traversée des Rougon-Macquart, lentement mais sà »rement ; c’est sur un cimetière que l’ensemble trouve son appui ; importance des maisons et des jardins, c’est par eux que tout s’organise ; images de la curée et du loup qui très vite se mettent en place
Lorsqu՚on sort de Plassans par la porte de Rome, située au sud de la ville, on trouve, à droite de la route de Nice, après avoir dépassé les premières maisons du faubourg, un terrain vague désigné dans le pays sous le nom d՚aire (...) -
appel
17 juin 2014, par M.B.s’interrompre dans son travail parce que le téléphone sonne, descendre au rez-de-chaussée, avec appréhension, voire pointe d’angoisse — parce que laisser sonner si aucune incertitude ou inquiétude quant aux proches, mais c’est devenu si rare — décrocher et subir un temps de silence ou de brouhaha — le second est préférable, il n’est gros de rien — puis la voix qui prononce mes nom et prénom, qui parfois se présente de son seul prénom — celui-ci transparent de préférence, lisse, et se douter à l’accent qu’il (...)
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boire un café
14 juin 2014, par M.B.Boire un café, pendant ces heures de trou dans la salle des profs, et que pas l’énergie nécessaire pour grand chose, fatigue accumulée au fil des semaines, comme en ce moment, se rendre à la machine, s’amuser de l’idée que les mêmes sur les aires d’autoroute, rêver de départ, de voyage, aller s’asseoir dans un fauteuil, vacant et certain que rien à venir, immobile, et vide ; ou au comptoir, souvent quand trop en avance à un rendez-vous, quart d’heure à tuer, capter des bouts de conversation — ce matin, ce (...)
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nouveau jeu de cordes
22 mai 2014, par M.B.Changer les cordes sur une guitare, en profiter pour nettoyer le manche, case à case, frette à frette, dépôt de crasse et de sueur — ce que l’instrument dépose en soi, et où, je n’en sais rien, ou ne saurais le dire aujourd’hui. Lentement accorder, craindre pour la chanterelle — tant de fois rompue par trop de tension : désormais savoir (pas tant de choses apprises qui se fassent avec les mains). Amplitude de l’accord plaqué, constater a posteriori à quel point le jeu ancien s’était fané, s’en vouloir (...)
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l’ombre d’une branche d’amandier
21 mai 2014, par M.B.contempler, un jour de grand soleil, fenêtre de la chambre ouverte, mais rideau tiré, regarder l’ombre d’une branche de l’amandier, ombre portée dans les plis du rideau rouge, mouvements simultanés de la branche et du tissu, de l’ombre et de son support, feuilles qui s’incurvent légèrement comme celles du pêcher, rondeur oblongue des fruits, lignes de la branche — mais il faudra bientôt la couper : les jours de vent elle frotte contre la (...)
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surpris par la pluie sur le chemin du travail
21 mai 2014, par M.B.être surpris par la pluie sur le chemin du travail, pédaler sous l’averse et sentir le jean qui se colle aux cuisses — humidité d’abord, le froid viendra après, une fois arrivé — la pluie qui coule sur le front et tombe dans les yeux — les flaques dans les creux du bitume, la projection d’eau sale des voitures et des bus — la démangeaison du cuir chevelu, faute d’avoir pu sécher les cheveux, de les avoir sagement laissés attachés, par pure convenance sociale — et s’en vouloir un (...)
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tout cela va ensemble
20 mai 2014, par M.B.Il y a un point de vue que je n’accepte pas du tout, c’est que le paysage sert de décor à un livre. Les paysages sont « dans le roman » comme les personnages, et au màªme titre. Dire quel est celui qui joue le rà´le passif, le décor, et celui qui joue le rà´le actif, n’a pas de sens pour moi. Tout cela va ensemble. Je dis souvent, et j’ai màªme dà » l’écrire, que dans un roman ce peut àªtre le propos d’un personnage qui fait lever le soleil, ou, inversement, c’est un changement de temps qui, tout d’un coup, (...)
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tu dis (32)
16 mai 2014, par M.B.tu dis : « Cet empilement des morts au long d’une vie, comme une poussée... »
tu dis : « Tu sais vers quoi. »
tu dis : « Qui d’autre que les morts pour s’orienter ? »
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