Ceux qui mettent le roman historique dans une catégorie à part oublient que le romancier ne fait jamais qu’interpréter, à l’aide des procédés de son temps, un certain nombre de faits passés, de souvenirs conscients ou non, tissus de la màªme matière qu’ l’histoire. Tout autant que La Guerre et la Paix, l՚œuvre de Proust est la reconstitution d’un passé perdu. Le roman historique de 1830 verse, il est vrai, dans le mélo et le feuilleton de cape et d’épée ; pas plus que la sublime Duchesse de Langeais ou (...)
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prise de possession d’un monde intérieur
13 novembre 2015, par M.B. -
apercevoir une Renault 5
8 novembre 2015, par M.B.apercevoir une Renault 5 dans un parking, c’est irruption du passé — pour qui n’a pas le goût de la collection, demeure surpris devant tout rassemblement d’objets d’avant, imaginer une faille fantastique par laquelle la voiture se serait acheminée jusqu’ici, d’autant plus qu’impeccable — le collectionneur est un méticuleux maniaque —, comme neuve, alors qu’associée à l’enfance — un copain de ton frère en possédait une, qu’il avait repeinte avec les couleurs du modèle Alpine — leur dernière année passée au (...)
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des contours moins fermes
3 novembre 2015, par M.B.Quant l’observation de moi-màªme, je m’y oblige, ne fà »t-ce que pour entrer en composition avec cet individu auprès de qui je serai jusqu՚au bout forcé de vivre, mais une familiarité de près de soixante ans comporte encore bien des chances d’erreur. Au plus profond, ma connaissance de moi-màªme est obscure, intérieure, informulée, secrète comme une complicité. Au plus impersonnel, elle est aussi glacée que les théories que je puis élaborer sur les nombres : j’emploie ce que j’ai d’intelligence à voir de (...)
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vers le fantastique | proposition 8, par le trou de la serrure
21 octobre 2015, par M.B.François Bon a proposé un atelier d’été, vers le fantastique. Proposition 8, par le trou de la serrure, en un seul paragraphe formant bloc.
15. Le cuir des rênes entre mes doigts – soleil haut – sa main entoure mes poignets d’enfant maigre. Pour la dernière charretée. L’odeur du foin. Et le mystère de comment ça tient derrière, cette masse qui ne demande qu’à s’envoler. 28. La porte est entrouverte – on entend un transistor à l’intérieur, une chanson de Claude François. Personne ici ne saurait situer (...) -
traverser la galerie marchande
13 octobre 2015, par M.B.traverser la galerie marchande d’un supermarché, constater ton pas trop rapide, ceux que tu croises avancent à petits pas, corps avachi sur le haut du caddie, relisant leur ticket de caisse dans un déhanché gras, guettant l’erreur, ou rêveur d’avoir autant claqué, d’autres parviennent à demeurer sur les bancs disposés là , ou assis à ce qui se voudrait une terrasse de café, seule vivacité les enfants qui s’approchent d’une voiture ou d’un canasson bardés de lumières, son synthétique rabâché en boucle, (...)
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journée dont tu ne feras rien
9 octobre 2015, par M.B.se lever, et savoir que tu ne feras rien de ta journée, ou presque, en avoir l’intuition, parce que la certitude ce serait trop, trop pesant, trop vertigineux, pas sûr que tu puisses supporter pareil horizon vide, c’est se sentir lourd, même dans une carcasse frêle depuis toujours, c’est le sommeil aux épaules, pas tant la tête vide, mais ce qui s’y présente est si décalé d’avec le jour, ces bribes de rêves, ces visages que tu ne croiseras plus, ces journées mortes, c’est une journée sans faire, (...)
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entendre un chien grogner
6 octobre 2015, par M.B.tandis qu’on marche pas bien loin de la maison, entendre un chien grogner derrière un portail, une haie — se promener ne conviendrait pas, c’est fatigue du corps que l’on cherche alors, et barrière à ce qui en dedans remonte et menace, immobilise et tétanise, aspire l’initiative, teinte de ridicule toute entreprise, arbre à vanités qui pousse le long de la colonne d’air et presque fait ployer —, ce sont deux peurs qui se superposent, deux menaces, et le plus effrayant est sans doute l’idée, la tentation (...)
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fidèles reflets du monde qui les narguait
6 octobre 2015, par M.B.Ils auraient voulu, parfois, que tout dure, que rien ne bouge. Ils n’auraient qu’à se laisser aller. Leur vie les bercerait. Elle s’étendrait au fil des mois, tout au long des années, sans changer, presque, sans jamais les contraindre. Elle ne serait que la suite harmonieuse des journées et des nuits, une modulation presque imperceptible, la reprise incessante des màªmes thèmes, un bonheur continu, une saveur perpétuée que nul bouleversement, nul événement tragique, nulle péripétie ne remettrait en (...)
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décades - extraits #2
5 octobre 2015, par M.B.Je suis né par temps froid, au lendemain d’une tempête de neige qui a bloqué Paris. La douceur angevine limitait en partie l’impact – moins un le 11 janvier à Angers, moins 10 le 19. Quelques jours plus tôt, des vents avaient battu les côtes bretonnes et normandes à plus de 100 kilomètres heure. Mais la météo ne fait plus signe : loin de nous l՚îlot battu par la tempête atlantique, François-René vagissant. C’est d’ordinaire et d’infra qu’il est question ici. La météo a certes eu trait à l’à venir pendant (...)
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notes de chevet | notes #2
2 octobre 2015, par M.B.Li Chang-yin était né en Chine deux cents avant Sei Shà´nagon. Il mourut vers 858 à Tcheng-tcheou. Les livres de Li Chang-yin étaient des additions de listes-collections : « Choses qui font naître un sentiment de tristesse », « Choses qui ne s’accordent pas », « Choses de mauvais augure » ou « Choses illogiques ». (...) Le Yi-chan tsa-ts’ouan de Li Chang-yin a été traduit en franà§ais par Georges Bonmarchand en 1955. Ces listes-collections exercèrent durant deux cents ans une séduction qui s’éteignit soudain (...)