dans ces fictions écrites avec la voix, il y a le jeu de l’intonation, presque un jeu théâtral, il y a les silences aussi, c’est pas facile d’installer un silence dans une page, là je peux jouer avec le temps, ou à moins que ce soit le temps qui joue avec moi, d’une certaine façon, je me dis qu’écrire comme ça, c’est peut-être creuser du côté de Nathalie Sarraute, du côté d’un en deçà du langage, essayer tout au (...)
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ce que ça change (d’écrire avec la voix)
27 décembre 2019, par M.B. -
vanité
27 décembre 2019, par M.B.lundi dernier, à la brasserie près du boulot, le gars était au comptoir, il parlait au patron, il lui disait, c’est pas tellement le matin quand tu te rases, plutôt le soir, peut-être une question d’éclairage, il disait, dans la glace en face, c’est pas toi que tu vois, c’est un crâne, le crâne que tu seras un jour, il disait c’est con hein, tu y penses pas en fait, tu le vois, et même des fois tu vois plus que ça, ça t’accompagne le jour qui suit, on s’en débarrasse pas comme ça d’un (...)
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la fille du tram
27 décembre 2019, par M.B.elle est montée dans le tram un peu après l’ancienne prison, elle s’est assise en face de moi, elle avait un casque sur les oreilles, j’ai remarqué qu’elle essayait de voir ce que j’étais en train de lire, elle secouait la tête au rythme de la musique, elle l’écoutait fort sa musique, à un moment j’ai croisé son regard, elle m’a souri, et presque aussitôt elle m’a dit, tu sais pourquoi tu lis, hein, tu sais pourquoi, j’ai pas eu le temps de lui répondre, elle était déjà debout, elle se dirigeait vers la (...)
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la fille du kebab
27 décembre 2019, par M.B.la fille au kebab l’autre nuit, après le concert, elle avait une chemise cartonnée avec elle, dessus tout un tas d’entrelacs celtiques, elle les avait faits au marker elle m’a expliqué, elle m’a dit qu’elle aimait la Bretagne, que des fois comme ça, elle partait en stop vers l’océan, à la fin, elle m’a dit que dans sa pochette en carton, il y avait toutes les lettres qu’elle avait écrites à ses parents, toutes, et qu’elle leur enverrait un jour, et qu’alors ils comprendraient, elle a répété ça plusieurs (...)
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l’auto-stoppeur
27 décembre 2019, par M.B.le gars m’a pris au péage de l’autoroute, il avait envie de parler, des banalités d’abord, la route, la bagnole, et puis le paysage de Beauce qu’on traversait, la circulation en région parisienne, ce qu’il avait envie de me dire, c’était autre chose, c’était qu’il allait voir sa mère à l’hôpital, qu’il savait que, ben voilà comme il disait, il savait quoi, quand il m’a laissé à la porte d’Orléans, je lui ai dit bonne chance, et aussitôt je m’en suis (...)
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au bar d’Illiers
27 décembre 2019, par M.B.au comptoir tout à l’heure, à Illiers-Combray, le gars devant son Perrier orgeat, tu sais qu’il est là pour longtemps, il boit pas dans son verre, ou très peu à chaque fois, il a le regard devant lui, il y a rien devant lui, il y a des bouteilles, il y a un miroir aussi, comme chez Simenon, un miroir où se regarder entre les bouteilles, il est là, il attend, toi tu bois un demi, il te dit que lui, à vingt ans, c’était cinq litres par jour, sans compter tout ce qui se fume, et qu’avant de s’en coller (...)
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d’un projet fiction voix
27 décembre 2019, par M.B.ce que je veux faire ici c’est improviser des fictions, des fictions d’une coulée, à la manière dont Simenon se jette dans la fiction, dans l’à venir de la fiction comme dirait Gracq, d’une coulée, avec des gars et des filles, les uns sur la route, d’autres immobiles, dans des bars ou des restaurants, des arrêts de bus, des salles d’attente, en mouvement dans des voitures, des conducteurs, des auto-stoppeurs, des chauffeurs routiers, dans leur véhicule ou dans une station-service, une aire d’autoroute, (...)
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peur qui
27 décembre 2019, par M.B.peur qui nuit peur qui rien peur qui fou peur qui froid PEUR PEUR PEUR peur qui chien peur qui saoul peur qui rage peur qui tout peur qui rare peur qui frêle PEUR peur qui tunnel peur qui gouffre peur qui toujours peur qui n’est plus peur qui avant peur qui fêlure peur qui cassé peur qui profond peur qui rails droits peur qui infini peur qui noyade peur qui tout ou rien peur qui chute peur qui mains qui tremblent peur qui crâne qui tombe PEUR PEUR peur qui crâne qui penche peur qui comme l’arbre (...)
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jouer fort
19 décembre 2019, par M.B.écrire du jouer à fort quoi d’autre comme sur les pochettes de disque trois mots à jouer fort écrire un livre avec au dos ces trois mots à jouer fort pourquoi sinon pourquoi si c’est pas à jouer fort ça vaut pas la peine c’est rien c’est que des mots si c’est pas à jouer fort ça va chercher loin ça va pas au dedans ça va pas au dedans pour agripper ça déglingue rien au fond tout au fond c’est là qu’il faut aller chercher et je crois que pour ça il faut que ça soit à jouer fort faut que ça sature faut que ça (...)
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ombres
18 décembre 2019, par M.B.j’avance / je sais pas où je vais / mais je sais qu’il faut avancer / je me pose pas la question si je dors ou si je rêve / je sens mon corps l’effort les jambes qui vont / je sens la douleur à droite sous l’omoplate / celle qui pointe au bout d’une demi heure trois quart d’heure / je marche je sais pas vers quoi / rien ne m’y oblige est-ce pour autant que je le désire / je marche / c’est pas un saut dans l’inconnu c’est pas aller dans le vide / je sais un peu les ombres que je peux approcher / mais je (...)