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entre deux | notes

je ne sais quel reste de présence

Cathy et Ninou se sont mises en devoir de vider le grenier. Elles en ont tiré d’énormes quantités de linge, d’habits pendant que je chassais le Prione, sur les souches du grand pré, sans succès.
Le temps s’est remis, après l’orage. Le ciel est d’un bleu violent, acide. Nous passons au grenier et reprenons le grand nettoyage commencé hier. Je m’occupe de la partie droite où s’entassent ferrailles, outils, vieux livres. Je trie, mets de cà´té quelques manuels de grammaire à l’usage des petites classes, d’émouvantes traces du passé, certificat d’études des arrières-grands-mères, carnets reliés moleskine où le grand-père et le père de Cathy notaient l’adresse de leurs clients, les cahiers d’à‰cole Normale d’Octavie, de Jeanne. Ils ont été. à€ peine surnagent ces feuillets jaunis. Une puissante mélancolie me gagne, un effroi sacré.
Nous allumons un feu, dans le jardin, et nous y déversons les journaux, les cartons, des monceaux de vieux habits, de cuirs, de planches vermoulues. J’éprouve, à ce faire, une gàªne obscure, comme si ces hardes enfermaient je ne sais quel reste de présence. à€ midi, je suis rendu. Bouger, parler me coà »tent.
Pierre Bergounioux, Carnets de notes 1980-1990, Ma. 16.7.1985

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