dures façades grises

D’abord, ce serait seulement la campagne, creuse comme une galerie de mine devant la lampe d’un mineur — ses branchettes raidies, ses feuilles fossiles prises et figées dans le charbon scintillant, ses buissons fascinés par les phares, leur ombre d’encre collée tout debout et immobile contre les talus, ses gouttes pareilles au suintement d’une voûte, égrenées dans l’air que rien ne remue plus. Les villages éteints, ou à un tournant le créneau des maisons avale soudainement la voiture, ouvrant sa rue si nette et si vide qu’elle semble fraîchement balayée; la lumière glisse longuement sur les dures façades grises et comme empoussiérées — et on voit saillir seulement, brandi au bout de sa tringle, le double cornet rouge du bureau de tabac.

Julien Gracq, La presqu’île

~ par michel brosseau sur 12 octobre 2011.

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